L'esthétique
cinématographique de Mohamed Chouikh relève de
l'archéologie sociale. Chacun de ses scénarii est
une fouille dans la mémoire collective, chacun de ses
films est une exposition de fragments de l'histoire des algériens
au regard de leur présent. Pour autant, Chouikh n'est pas
un cinéaste passéiste. Au contraire, son cinéma
est visionnaire, il balise le futur et donne du relief au
présent. Chouikh est un poète rebelle et un
conteur. Ses films exaltent la terre et le feu, l'histoire et la
politique, la fête et le drame, les pleurs et le rire... Un
cinéma exutoire pour un peuple en manque de repères.
Il analyse et il montre, il révèle et il décrit,
plutôt que de donner des réponses. Repères
temporels, les films de Chouikh utilisent les richesses d'une
langue allégorique, permettant ainsi aux algériens
une immersion dans l'histoire ancienne et les légendes
pour prendre conscience du présent, une esthétique
visionnaire, comme une longue vue vers un futur aux contours
troubles et aux couleurs indéfinies.
La grande subtilité du cinéma de Chouikh
réside dans cet art qui consiste à hypnotiser le
spectateur en lui ouvrant les yeux pour que le regard fasse sens.
Ses films constituent une fresque impressionniste, qui,
par petites touches, dépeint la société
algérienne. A chaque fois que je regarde l'un de ses
films, je suis frappé par la force évocatrice des
dysfonctionnements sociétaux et de l'archaïsme de la
société algérienne.
« Plus
qu'un portrait de Mohamed Chouikh, c'est un hommage que livre ici
Larbi Benchiha. »
« Mohamed
Chouikh est un pur produit de la mouvance artistique algérienne.
Il est y né, il a grandi et, sans interruption, jusqu'à
l'heure actuelle demeure et travaille au pays. Il est vrai qu'il
est l'un des rares cinéastes à être demeuré
réfractaire aux intimidations et aux menaces. Il continue,
contre vents et marées, à faire des films et à
promouvoir le cinéma algérien à travers le
pays. Ce portrait de Mohamed Chouikh,est un hommage au
cinéma algérien... » France 3 Corse –
septembre 2009
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